lundi 23 juin 2008

Travail en groupe - nouvelle autonomie

Lors d'un cours sur l'Autoformation et les Formations Ouvertes à Distance (FOAD) [synthèses ici et ], j'ai en quelque sorte buté sur un concept qui ne me semblait plus pertinent, comme déplacé, voire contradictoire : l'autonomie.

◊ En philosophie, on oppose hétéronomie et autonomie. Les religions, les justices nationales (et maintenant internationales) sont des normes qui conduisent le sujet morale à l'hétéronomie. Les règles nous sont extérieures, et nous devons faire en sorte de nous y conformer. À l'inverse, lorsque le sujet morale voit en sa propre volonté la source de sa loi, vit en accord avec cette détermination intrinsèque de ses actes, et n'ignore pas les conséquences de ses actes, il est autonome. Voilà dans une coquille de noix le programme de philo de Terminale L sur Kant.
◊ En didactique, selon la définition maintenant devenue classique de Henri Holec, membre du Crapel : un apprenant autonome est un apprenant qui a « la capacité de prendre en charge son propre apprentissage (...) prendre en charge son apprentissage, c’est avoir la responsabilité, et l’assumer, de toutes les décisions concernant tous les aspects de cet apprentissage, c’est-à-dire : la détermination des objectifs ; la définition des contenus et des progressions ; la sélection des méthodes et des techniques à mettre en œuvre ; le contrôle du déroulement de l’acquisition proprement dite (rythme, moment, lieu) ; l’évaluation de l’acquisition réalisée. L’apprenant autonome est capable de prendre lui-même toutes ces décisions concernant l’apprentissage dans lequel il désire, ou se trouve, être impliqué. » Ce qui n'est précisément pas le point de vue permis par l'enseignement Transmissif ou professoral, qui est à ce titre défini par le terme hétérodirection. L'apprenant fait ce que l'enseignant a préparé pour lui.

Or grâce aux TICs, avec l'émergence d'une façon d'apprendre intégrant largement les outils Web2.0 et des SaaS (comprendre Logiciel en tant que Service), qui se distingue par le fait qu'il n'y a rien à installer (Google Docs est un SaaS, OpenOffice.org est juste un S.oftware), il est plus simple de s'outiller, d'être nomade (tout est hébergé, accessible de n'importe où) et de communiquer (cf. Google Talk dans Google Docs ou la future géolocalisation de ses contacts par proximité dans l'iPhone). Toutes ces nouveautés, qui donc n'étaient pas disponibles avant, sont en train de changer fortement les choses.

Parmi ces changements, il y a en particulier :
• le rapport d'autorité avec l'enseignant cesse d'être cohercitif. L'apprenant peut trouver l'information où il veut, quand il veut. La question rabelaisienne de savoir donner forme à sa pensée redevient cruciale.
• la progression cesse d'être linéaire. Les objectifs et les temps d'apprentissage sont essentiellement définis en tenant compte des progrès des élèves, et non de la logique propre à la discipline.
• et enfin, à travers une Pédagogie du Projet ou une Pédagogie de l'Obstacle, le travail à plusieurs redevient une composante de base de l'activité de l'apprenant.

Or, sur ce dernier point, il y a une révolution culturelle à rendre possible. Les formes d'apprentissage à plusieurs ont disparu au 19ème siècle en France. Le compagnonnage est considéré comme poussiéreux. Cependant, il est de plus en plus fréquemment question de co-opération (entre apprenants de plusieurs niveaux ou travaillant sur différentes tâches) et de collaboration (entre des apprenants poursuivant le même objectif). Sous peu, avoir recours à un forum en ligne avec sa classe sera banal et vite "ringard". Ce qui est finalement réjouissant, compte tenu de toutes les promesses affichées par les futures technologies.

Mais voilà ! Se prépare-t-on suffisamment bien ? Oscar BRENIFIER relate une anecdote [visionner la video, /!\ video assez longue] ayant eu lieu lors d'un de ses déplacements en Norvège. Là-bas souligne-t-il tout le monde sait collaborer et respecter le point de vue de l'autre. Puis, il aperçoit une enseignante se tenant à l'écart. Qu'a-t-elle demanda-t-il ? La réponse tombe sans appel. On lui répond qu'elle est une enseignante française, qu'elle critique à longueur de temps et qu'elle est impossible à vivre. Édifiant.

En définitive, ne devrions-nous pas penser une nouvelle façon de vivre la norme (la -nomie de autonomie)... en groupe ! pour de vrai ! En cherchant avec Google, l'on peut trouver le terme anglais synnomie, mais son sens ne convient pas. Dommage.
Aussi, comment peut-on nommer didactiquement la faculté qu'un individu au sein d'un groupe met en œuvre pour élaborer les objectifs du groupe, et réguler la conduite de l'ensemble des membres du groupe pour tendre vers le but visé ?

Voici une nouvelle compétence qui est un préalable indispensable à toute éducation moderne. Et à fortiori Connectiviste.

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