jeudi 1 mai 2008

La tête sous la séquence

• Séquentialité
• Saillance


Les interrogatoires maternelles, je vous jure !


J'étais au téléphone avec ma mère et parlant du Japon, nous évoquions le devenir de ma famille d'accueil lors de mon séjour de deuxième année (2001). Et là, c'est le trou de mémoire ! Je suis incapable de me remémorer un seul nom — prénom et nom de famille confondus.

Ma mère se rappelant très bien du prénom du Papa de ma famille d'accueil à cause du jeu de mot que ce prénom japonais constitue en français, me le donne immédiatement. Mais en faisant cela, elle ne m'aide pas à me souvenir. Bien au contraire. J'ai mémorisé les prénoms des parents de ma famille d'accueil comme un block. Les hommes japonais travaillant beaucoup, j'ai passé le plus clair de mon temps là-bas avec la Maman de ma famille d'accueil. Dans ma mémoire, il y avait plusieurs contraintes à ma mémorisation : le temps vécu avec chacun des parents — implémenté en termes de fréquence – et leur sexe-fonction, pour les deux plus importantes. J'avais donc stocké :
• {prénom de Maman} haute fréquence,
• {{prénom de Maman}et{prénom de Papa}} fréquence intermédiaire et enfin,
• {prénom de Papa} basse fréquence.
La séquence {{♀}et{♂}} était la seule que mon esprit acceptait de considérer. En me donnant le prénom du Papa, ma mère m'a bloqué. Mon esprit était surchargé du prénom du Papa. {{???}et{prénom du Papa}}. Merci Mère ! e_e
{Prénom du Papa}. {Prénom du Papa} ? {Prénom du Papa} !! {Prénom du Papa}...
Je n'ai pu me rappeler le prénom de la Maman que le lendemain. Masako. Il m'a fallu dormir pour pouvoir m'en souvenir. Masako & Tetsurô.
"Tête sous l'eau"... fonctionnant — trop — efficacement comme un moyen mnémotechnique.

Quant à leur nom de famille, j'ai pu m'en sortir plus rapidement. Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Rien d'audible sur la bande son de mon magnéto mental. Sur mon calepin mental, l'image du caractère 品 composé de ses trois caisses et signifiant {marchandise}. Je me souvenais par ailleurs qu'il y avait une histoire de {rizière} dans le nom de famille. Partant — à tord — du caractère que je connaissais le mieux 田, prononcé [ta], je cherchais à reconstituer le nom de famille. Mais mon esprit était difficile à manœuvrer. Ma mémoire me faisant complètement défaut. Ta-marchandise. Ta-quelque-chose... Ta-quoi ? Taaa... Taaaaaaaa-chais-pas-quoi !
Puis, comme souvent dans ce genre de situation, le nom famille m'est revenu alors que je pensais à autre chose. Le nom de famille était : 品田, composé de /SINA/ {marchandise} et de /TA/ {rizière} et se disant [shinada].
Je n'étais pas si loin. Mais la séquence était inverse. Elle aussi. Partir de la fin ne m'a pas aidé non plus.

En revanche, pour retrouver le prénom de la fille de ma famille d'accueil, je suis parti volontairement de la fin. Mais non de la fin du prénom lui-même. Mais d'un détail se trouvant à la fin. Il est de coutume d'ajouter à la suite du prénom des jeunes filles le suffixe ちゃん /TYAN/, prononcé [tshan]. Convoquant la forme abrégée et suffixée de son prénom, il ne m'a pas été difficile de retrouver さっちゃん /SAT.TYAN/, prononcé [sa'tshan]. La tâche était d'autant plus facile que je l'appelais plus fréquemment ainsi que par son prénom non-abrégé et non-suffixé. Prénom qu'il ne m'a pas été non plus difficile de reconstituer par la suite. Le prénom de la petite fille était : さちこ /SATIKO/, prononcé [satshiko]. Et que je laisserai écrit さちこ, dans la mesure où j'ignore comment il s'écrit ; si c'est en trois ou en deux, /SATI/ + /KO/ comme 幸子, ou /SA/ + /TI/ + /KO/ comme 佐知子.
Ça... je ne l'ai jamais appris.

Convoquer l' ordre de séquence adéquat et le détail saillant idoine semble constituer une contrainte que la didactique n'a pas encore pris en compte dans son appareil conceptuel.
D'ailleurs, je me demande s'il y a de la place pour une théorisation des contraintes, une théories sous-jacente, sur laquelle échafauder le complexe des postulats didactiques modelants telle ou telle approche pédagogique•andragogique...

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PS : 母上、おひさしぶり。如何ですか。

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