Image via Wikipedia Des fois, une simple manipulation permet de prendre subitement conscience de qqch d'inattendu. Le problème est que les habitudes et la légèreté de la pensée produisent un voile obscurcissant. Et lorsque ce voile se dissipe, la joie de la surprise est grande. ^^
J'effectuais une simple manipulation suivante lorsque tout s'est mis en place devant mes yeux incrédules :
avant : elle ne contribuera même pas à...
après : elle n'aura même pas contribué à...
En rectifiant mon texte, j'ai transformé le ne et ajouté le verbe avoir... et à un moment, il m'a fallu déplacer le verbe contribuer et le passer au participe. Ce faisant, la règle de transformation m'est revenue en tête, et tandis que j'observais mon curseur déplacer contribuera, la distorsion entre ce que j'avais sous les yeux et la règle que j'avais en mémoire arracha le voile.
*^_^*
Ne même pas est un modificateur du verbe, et seulement du verbe. Or ni le participe ni l'infinitif ne sont un verbe. Pour mémoire, on dit que l'un est la "forme adjectivale" du verbe et l'autre la "forme nominale". Or c'est faux. Doublement faux ! Ce n'était pas le cas en latin. Et le fait de devoir déplacer les termes de la négation lors de l'emploi du participe prouve cette erreur également. La composante sémantique demeure la même... à peu de chose prêt. Mais une forme conjuguée, l'infinitif et le participe sont de trois natures distinctes.
Traditionnellement, on réfute le statut de nom aux infinitifs, car ceux-ci sont très peu nombreux à pouvoir s'utiliser avec l'article défini. Or, en faisant cela, on fait comme si c'était l'usage conjoint de cet article et d'un terme qui prouve que ce dernier est un nom. Mais voilà, un nom n'obtient pas son statut de nom avec l'article. Ceci est une autre erreur courante. Mon travail sur le Groupe Nominal m'a conduit à accepter l'existence de l'article dit "zéro" et à voir qu'un nom est nom en lui-même.
Air, honte, pied et chance sont bien tous des noms. Correct ?
Dans manquer d'air, avoir honte, perdre pied, ne pas avoir de chance, ce sont toujours des noms ? quand bien même, il n'y ait pas d'article.
Pomme entre « je cache une pomme » et « je ne cache pas de pomme », ne perd pas son statut de nom par la disparition de l'article. C'est un fait.
Dire que brouter n'est pas un nom parce que l'on a jamais entendu dire « le brouter », ne prouve rien du tout. Et brouter n'est pas moins nom que chance, pied, honte ou air ! Ce qui permet d'avoir un infinitif en position argumentale (sujet ou régime) sans qu'il y ait auto-référence du terme (comme les mots en italiques de cette note). Comme,
ici : les vaches n'aiment pas tant brouter qu'admirer les trains (régime)
ou ici : fumer tue (sujet)
Par conséquent, toutes ces règles de "distribution" des modificateurs verbaux autour du verbe de la phrase n'ont aucun sens.
Les modificateurs restent avec le verbe. Et lorsque le verbe n'est pas exprimé ou que l'on a l'impression que sa place est vide, il n'en demeure pas moins que les modificateurs restent attachés à cette place.
C'est précisément la raison pour laquelle ont a l'impression que pas se ballade lorsque l'on compare une forme conjuguée avec un infinitif. Ce que l'on voit est que pas passe de la position postérieure à la position antérieure. Or on regarde mal. Ainsi, si l'on prend :
avant : il ne chante pas
après : ne pas chanter
ce déplacement n'est qu'une apparence trompeuse.
Il faut apercevoir que ce n'est pas pas qui s'est déplacé... mais la place du verbe qui s'est vidée et la place du régime qui s'est remplie. Remplie avec un nom !
Il faut bien regarder cette configuration :
ne [Ø] pas + chanter
En conduisant le raisonnement plus avant, l'on découvre alors que le français peut avoir un verbe non exprimé. Avoir un prédicat vide qui porte quand même des expansions, tels que les modificateurs de la négation.
Au demeurant, ce qui est vrai pour l'infinitif l'est également pour le participe. Le fait que l'on "doive intercaler" les modificateurs entre l'auxiliaire et le participe passé lors de l'emploi d'un temps composé, révèle indubitablement qu'il n'existe pas ce que l'on appelle les temps composés. On pense voir la même chose
ici : songaient
et là : avaient songé
or seule la permanence sémantique se retrouve dans les deux. Les verbes sont cependant différents. Dans le premier cas, c'est Songent et dans l'autre, c'est Ont. Il faut en déduire également que les "auxiliaires" n'existent pas non plus en tant que catégorie autonome. Les verbes en mission d'auxiliaire ne sont pas moins "pleins" que les autres verbes.
Tout cela corrobore le fait qu'en Français, il n'existe que cinq temps.
C'est excitant de prendre conscience comme tout fait sens à la fin ! ^_^
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